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Gauguin : "D'où venons-nous? Que sommes-nous? Où allons-nous?"

 

 

« D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? » de Paul Gauguin (Tahiti, 1897)

Huile sur toile, 96x130 cm)

 

 

 

  Le problème qui harcèle Gauguin toute sa vie, la question de fond sur le sens de l'existence qui résonne dans sa tête : « D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? » ne peut trouver de réponse que dans les formes et les couleurs de ses toiles : alors sa vie faite de renonciations, de souffrances et de rêves amputés n'aura pas été vécue en vain. La peinture du second séjour tahitien est le fruit et le témoin de ce combat de l'artiste, de sa volonté d'aller au-delà des limites de la peinture pour créer des formes colorées qui révèlent le drame de l'âme humaine, de ses doutes, de ses désespoirs. « D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? » est donc, en quelque sorte, le testament artistique de Gauguin, et ses mots mieux que tout autre nous aident à en comprendre le sens et l'émotion :

« Dans ce grand tableau :

Où allons-nous ?

Près de la mort d'une vieille femme.

Un oiseau étrange stupide conclut.

Que sommes-nous ?

Existence journalière.

L'homme d'instinct se demande ce que tout cela veut dire.

D'où venons-nous ?

Source.

Enfant.

La vie commence.

L'oiseau conclut le poème en comparaison de l'être inférieur vis à vis de l'être intelligent dans ce grand tout qui est le problème annoncé par le titre.

Derrière un arbre deux figures sinistres, enveloppées de vêtements de couleur triste, mettent près de l'arbre de la science leur note de douleur causée par cette science même en comparaison avec des êtres simples dans une nature vierge qui pourrait être un paradis de conception humaine, se laissant aller au bonheur de vivre. » Lettre à C.Morice de 1901.

 

 

 

Biographie de Paul Gauguin

Petit-fils de la socialiste Flora Tristan, Gauguin grandit au Pérou, avant d'entamer très jeune une carrière de marin : à 23 ans, il a déjà fait plusieurs fois le tour du monde ! Puis, devenu père de famille et agent de change, il ne se consacre entièrement à la peinture qu'en 1883, et commence par peindre dans la manière impressionniste.

Génie orgueilleux, il va vite trouver son style propre, notamment au contact de la Bretagne primitive : il concilie alors cloisonnisme et symbolisme dans des œuvres synthétiques, mystérieuses et expressives comme La Vision après le sermon (1888). Il s'essaie également à la sculpture et à la céramique, s'inspirant de l'art populaire breton.

L'artiste est en quête perpétuelle d'ailleurs, et décide en 1891 de partir pour la Polynésie, loin de la critique parisienne, vers la vérité primitive des peuples et des mythes anciens : il trouve à Tahiti le mélange de sensualité et de religiosité qu'il recherche (Manao Tupapau – L'Esprit des morts veille, 1892) et sculpte des idoles composites (L'Idole à la coquille, 1892). Le peintre consigne ses impressions et réflexions dans un recueil richement illustré, Noa Noa, publié en 1897.

De retour à Paris de 1893 à 1895, Gauguin cultive l'exotisme dans la nostalgie de l'expérience tahitienne, puis retourne en Polynésie, où, malade et dépressif, il peint son testament pictural, D'Où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? (1897), avant de tenter de se suicider.

De plus en plus hanté par ses réflexions philosophiques et religieuses, il part pour les Marquises en 1901, où il peint des toiles aux couleurs somptueuses (Contes barbares, 1902). Il meurt deux ans plus tard, sans doute d'un excès de morphine.



14/07/2008
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