Gauguin : "Sieste". (1891-92)
« Sieste » de Paul Gauguin (Tahiti, 1891-1892)
Huile sur toile, 87x116 cm
Dans ce tableau, Gauguin réussit à franchir les limites du schématisme décoratif qui avait été le sien au cours des années précédentes.
Il renouvelle sa façon de composer, de définir les formes, d'étaler les couleurs, de concevoir son harmonie chromatique.
Ici, le décor est presque théâtral: sur la « scène », délimitée par les lignes des planches en perspective, la figure de dos est celle qui domine : elle est en diagonale, imposant sa présence dans la masse des bleus clairs nuancés de la chemise fleurie et du bleu foncé de la jupe; la tache sombre des cheveux descend souplement du chapeau qui lui cache la tête.
La « diagonale » de la composition est interrompue par les volumes colorés des autres personnages : par le rose de la femme à gauche, par le rouge vif de la jeune fille allongée, par le brun de la repasseuse, par la silhouette rose qui se découpe sur le fond vert.
Une composition, une mise en scène « difficile » qui réussit à créer un espace où l'on nous invite à entrer, ne serait-ce que pour tenter de découvrir le visage de la mystérieuse figure qui nous tourne le dos au premier plan.
Le motif de la « sieste » n'a pas manqué d'inspirer nombre de peintres, mais tandis que ceux-ci se font purs observateurs extérieurs de la sérénité des personnages endormis (Bonnard et Van Gogh, par exemple), Gauguin, quant à lui, nous montre peu, il nous convie à participer à l'univers du tableau, comme si nous étions attendus.
"La sieste" de Bonnard
"La sieste" ou "La méridienne" de Van Gogh
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