Philoforever

Le symbolisme des couleurs en psychanalyse.

 

Outil au service de l’interprétation des rêves.

Le symbolisme des couleurs

 

 

   Toute couleur possède un symbolisme qui est propre à chacun de nous, même si les grandes lignes de ce symbolisme se recoupent. On sait que la couleur, dans la vie diurne, joue un rôle psycho-physiologique important. On ne se prive pas d'ailleurs d'appliquer cette théorie dans le

choix des couleurs d'ambiance. Il est bien connu que la couleur rouge, par exemple, possède un pouvoir « excitant », et que la couleur bleue donne une impression de fraîcheur ou de froid.           On peut constater également que des sentiments de froid ou de chaud peuvent exister grâce, uniquement, à la couleur du local, et indépendamment de toute modification thermique.

  La lumière et la couleur font l'objet de recherches poussées dont on aperçoit de plus en plus l'intérêt dans le monde du travail ; interviennent alors non seulement l'architecte, mais aussi le décorateur et le coloriste. Et faut-il parler des maîtresses de maison dont le premier souci est de mettre en jeu des couleurs psychologiquement satisfaisantes ? Remarquons aussi que, chez beaucoup de personnes, telles ou telles couleurs sont associées spontanément à la sonorité, d'un instrument de musique.

   Ceci dit, essayons de résumer les significations symboliques des couleurs.

 

Le bleu :

 

   C'est une couleur « froide » ou rafraîchissante. C'est, classiquement, la couleur du ciel. Le bleu évoque la mer, l'espace, l'air. Le bleu agrandit l'espace. C'est la couleur des horizons.    Egalement celle de la spiritualité. Dans le monde chrétien, le bleu est adopté pour les fêtes des

anges. Dans l'Église anglicane, le bleu est la couleur de l'espérance, de l'amour envers Dieu, de la piété, de la conscience et de l'amour du Beau. En héraldique, le bleu (colbalt et non bleu-clair) représente la justice, la fidélité, la joie, la noblesse. En fait, il s'agit de la couleur « azur ». Ce même azur symbolise également la félicité éternelle, la chasteté, la douceur, l'humilité du corps.

   Dans les rêves, le bleu est, le plus souvent, la couleur de l'infini. Le regard se perd dans les lointains bleus. Cette couleur est immatérielle, transparente, se fondant dans le blanc resplendissant. C'est la couleur du vide. Dans ce sens, elle peut devenir le symbole de la mort (nous avons vu des rêves de ce genre). Le bleu est inaccessible, parfois glacé comme les neiges bleutées de l'hiver. On peut se demander si la tristesse profonde des peuples méditerranéens ne provient pas de cette immatérialité du bleu dans laquelle l'esprit et le corps s'évanouissent; car lorsque le ciel est parfaitement bleu, nul ne peut s'accrocher en rien ; la vue vers le haut se perd et la Terre semble seule dans un espace sans fin. Les nuages ne sont pas là pour la « protéger », l'entourer, la sécuriser.

   Toujours dans les rêves, le bleu peut être la couleur des vérités philosophiques ou des recherches métaphysiques.

   C'est une couleur mariale : celle de la Vierge des Chrétiens. Mais le bleu symbolise aussi la fidélité, non pas terrestre mais céleste, la paix de l'âme dans la mort, une sérénité hors du commun.

   Ainsi donc, le bleu est à la fois une couleur d'espérance de l'âme et de mort du corps, fondu dans les infinis.

   En musique, la couleur bleue pourrait être associée à la sonorité insaisissable de la flûte.

Le vert :

 

   Composé, comme chacun sait, de jaune et de bleu, le vert possède des nuances nombreuses. C'est une couleur d'équilibre, de repos; cette couleur n'équipe-t-elle pas les tables de billard... et des conseils d'administration, voire les buvards sous-main? On a d'ailleurs pu mesurer les

pouvoirs du vert sur la tension sanguine.

   Le vert est associé à l'espérance dans l'Égypte ancienne. Dans le monde chrétien, il symbolise également l'espérance et le désir de vie éternelle. Dans l'Eglise anglicane, c'est la couleur de la foi, de l'immortalité, du baptême, de la contemplation. En héraldique, le vert (sinople) est la couleur de l'honneur humain, de la courtoisie, de l'espérance, de la joie dans la vigueur. Egalement celle de l'amour et de l'abondance (le vert est la couleur dominante des végétations terrestres).

   Dans les rêves, le vert est la couleur terrestre et printanière. C'est celle de la renaissance après l'hiver, et de la pérennité. C'est également la couleur de la patience, de l'attente, et de l'espoir immédiat (et non pas l'espoir métaphysique comme le bleu).

   C'est une couleur nourricière (comme la végétation) et maternelle... mais aussi celle des amours enfantines et printanières.

   Le vert possède aussi un climat maléfique. C'est la teinte des eaux profondes, menaçantes dans leur silence, engloutissantes.

   « Vert j'espère » ? Sans doute, avec les amours terrestres et heureuses, les joies végétales et les prospérités agraires.

   Mais c'est aussi la teinte de la dégradation, de la folie, de la menace, comme la couleur traditionnelle des yeux de Satan, de la femme fatale... et du chat.

   En musique, le vert peut être associé aux sonorités agrestes du hautbois et du cor anglais .

 

Le rouge :

 

   C'est le feu, la chaleur, la passion et l'amour. Cette couleur possède toutes les nuances, du brun sombre au rouge éclatant. C'est une couleur de sang, de plaies, mais aussi de santé vivifiante. Teinte chaude par excellence, elle est brutale, criante, dynamique, énervante. C'est une couleur de guerre, qui s'impose sans difficulté. Elle occupe un rang privilégié dans le choix de beaucoup. Les enfants aiment particulièrement le rouge, ainsi que les primitifs.

   Dans le monde chrétien, le rouge évoque le sang divin; on le porte pour les fêtes de l'Esprit saint allumant la flamme de l'amour divin. Dans l'église anglicane, c'est la couleur des martyrs pour la foi, et de la charité. En héraldique, le rouge (gueules) est l'amour, le courage, la colère, aussi la cruauté. Egalement la destruction et le jugement dernier (destruction par le feu).

   Dans les rêves, il évoque surtout le feu et l'énergie. Il symbolise la vitalité des énergies et des passions - parfois dévorantes. C'est la couleur de la combativité, de l'extraversion. Le rouge-pourpré est impérial.

   Renversement des choses : le rouge, couleur de sang, est alors le symbole de la violence, de la haine, du meurtre, du carnage.

   C'est aussi une couleur « matricielle » ; elle évoque le ventre maternel, avec le symbolisme angoissant qui y est relié .

   En musique, la couleur rouge pourrait être associée à la sonorité de la trompette.

 

Le jaune :

 

   C'est une couleur de soleil ou d'argile, selon sa nuance. Dans le monde chrétien, le jaune est une couleur d'humilité ; c'est un rappel de ce que le corps n'est qu'argile et poussière future (Vie de St-Patrick, V° siècle). Dans l'Eglise anglicane, le jaune n'est pas une couleur fondamentale. En héraldique, le jaune est remplacé par l'or.

   Dans les rêves, le jaune est avant tout une couleur solaire. Celle du rayonnement, de l'intelligence et des cœurs rayonnants. C'est la couleur du Père. Le jaune pur y apparaît comme aveuglant, strident, tendant vers un blanc éblouissant. Couleur des affectivités intenses, le jaune est alors plus « chaud», moins vif, tels les jaunes inimitables du Greco. Pâle, il devient un signe de tristesse, de déception; mais aussi, parfois, de déloyauté ; c'est la couleur de la traîtrise.

   Le jaune est une couleur «mâle». Il « domine » par sa richesse. Comme l'or, il est une teinte d'éternité, de religiosité transcendante. Mais ses nuances infinies font zigzaguer cette couleur entre les bornes où on voudrait l'enfermer.

   C'est aussi la couleur des fins d'été, des radieuses journées qui marquent l'apothéose avant l'hiver ; c'est la somptuosité avant la mort.

   En musique, le jaune strident pourrait être associé à la petite trompette le jaune chaud à la sonorité du cor.

 

L'orange :

 

   C'est l'accueil chaud, moins brutal que le rouge ou le jaune, s'adoucissant mutuellement en se mélangeant. En héraldique, cette couleur (aurore) est négative; elle signifie l'hypocrisie et la dissimulation.

   Dans les rêves, l'orange est évidemment « solaire ». C'est la chaleur du cœur et de l'accueil.     C'est une teinte d'activité, un peu hybride, voire « androgyne ». C'est aussi la couleur du confort de l'âme, de la tranquillité profonde; du moins généralement.

   En musique, la couleur orange pourrait être associée à la sonorité d'un cor jouant dans l'aigu, ou d'une trompette bouchée.

 

Le violet :

 

   C'est une couleur assez froide. Il est à remarquer qu'elle représente généralement la pénitence, aussi bien dans le monde chrétien que pour l'Eglise anglicane. En héraldique, le violet (azur + gueules) signifie vérité et loyauté.

   Se rapprochant du pourpre, il signifie la tempérance.

   Dans les rêves, le violet donne souvent des sensations de tristesse, de « pénitence » de l'âme, voire de deuil intérieur. C'est une couleur de passion (le rouge plus ou moins tempéré par le bleu, couleur de lucidité et de spiritualité).

   En musique, le violet pourrait être associé à la sonorité de l'alto, ou des violons avec sourdine.

 

Le noir :

 

   Le noir absorbe les couleurs au lieu de les réfléchir. Dans le monde chrétien, le noir est couleur d'attente et de deuil. Il n'est pas pris en considération dans l'Eglise anglicane.

   En héraldique, la couleur noire (sable) représente la peine, le deuil, la durée de la tristesse ; mais aussi l'attente par la sagesse et la prudence.

   Dans les rêves, il représente bien entendu le deuil ; mais surtout les ténèbres et la vie indifférenciée. Le noir est couleur de nuit, de sommeil ; aussi d'inconscience. Couleur de l'attente symbolique (les couleurs absorbées pouvant être restituées) le noir est potentiel. Dans ce sens, il est, dans certains rêves, un symbole d'espoir. Toujours dans ce sens, le noir devient signe de gestation, d'inconscient au travail, d'instinct primitif que l'on peut diriger vers des actions élevées. Car la couleur noire évoque également l'Ombre ; et l'Ombre humaine n'est jamais la mort, mais l'espoir qui, un jour, peut se réaliser.

   En musique, et puisque le noir est une « non-couleur » , les tambours et timbales (voilés ou non), émettant des « non-sons », peuvent être associés. Ces instruments signifient souvent le deuil, les supplices, mais aussi l'attente de ce qui peut venir...

 

Le blanc :

 

   Synthèse de toutes les couleurs, le blanc peut évoquer le clair de lune aussi bien que les lointains éblouissants. Il est l'image de la lumière et de la pureté. Dans le monde chrétien, il exprime l'innocence, la joie, l'immortalité, la félicité. Il possède la même signification dans l'Eglise anglicane, aussi bien qu'en héraldique (argent).

   Dans les rêves, il contient, bien entendu, un symbolisme de pureté, et d'espoir. Mais il peut signifier (comme le bleu) la mort de soi-même, les horizons infinis où l'on se perd. En ce sens, il devient une couleur de deuil. C'est également là couleur de la neige, avec son symbolisme de joie aussi bien que d'abandon et de mort.

   En musique, on ne pourrait l'associer qu'avec la synthèse de tous les instruments à cordes.

 



23/06/2008
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