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Leçon 25: « Je est un autre », disait Rimbaud. Approche de la notion d’inconscient psychique. (Cliquez sur le lien !)

 Lecture d’une œuvre de Freud : Cinq leçons sur la psychanalyse. Edition PBP n°1.

   Introduction générale : « Nietzsche, Marx et Freud, les maîtres du soupçon ». Paul Ricœur.

 

  

   Pour comprendre cette entreprise de Freud qui va fouiller les « souterrains de la pensée », comme va le dire Dostoïevski, il faut remonter jusqu’à Nietzsche (1844-1900), le philosophe de la déconstruction, le philosophe qui pratique une philosophie à coups de marteau. La particularité de Nietzsche est de résumer l’esprit de son temps : « Ihre Zeit in gedanken erfasst », (« Son temps résumé dans la pensée ») Il y a des grands penseurs au XIX° siècle : un tout petit peu Kant, mort en 1804, mais dont la pensée est déjà celle de ce siècle, Hegel, et bien d’autres, mais Nietzsche accomplit, d’une certaine façon la promesse de l’Aufklärung que formule Kant, à travers son « Sapere Aude ! » Aie le courage de te servir de ton propre entendement, de ne pas rester sous de quelconques tutelles, de ne pas déléguer ta vie, mais accomplis cette vie qui t’est donnée.

 

   L’ennemi des siècles passés, chez Nietzsche, c’est ce qu’il nomme le « nihilisme », c’est un autre nom qu’il donne de l’ « idéalisme ». Expliquons : Socrate, déjà, nous demande de rechercher la vérité, une vérité inatteignable, avec toute notre âme, la religion judéo-chrétienne nous demandera d’attendre un Messie et d’espérer une vie spirituelle accomplie par-delà la mort ... Bref, diagnostique Nietzsche, notre vie est tournée depuis des siècles vers des « idoles », des « idéaux » inatteignables : qui a jamais vu la Vérité, le Bonheur éternel, la Justice parfaite, la Beauté idéale, une Conscience infaillible ... personne ! Et à quoi servent donc ces idoles : à nous faire détester le réel. Quand je cherche la Vérité, je désespère de ce monde d’erreur ; quand je cherche la Cité céleste, comme le dit saint-Augustin, je désespère de cette cité terrestre. C’est cela que l’on nomme le nihilisme : l’homme s’est créé des idoles qui n’existent que pour mieux mépriser le réel, l’ici-bas.

 

   Que faire alors ? Nietzsche préconise deux choses : utiliser le « marteau philosophique » pour briser ces idoles et pratiquer « l’Amor fati », l’amour des faits, l’amour de ce monde-ci qui nous est donné. Dire oui à ce monde ! C’est ce que l’on nomme la philosophie de la déconstruction.

 

  A sa suite, Marx brisera à coups de marteau l’illusion du capitalisme et de toutes les institutions qu’il a mises en œuvre pour maintenir les prolétaires dans leur misère, leur état de minorité.

 

   Puis Freud, brisera à coups de marteau l’illusion de la conscience idéale, claire, responsable, infaillible, de l’Ego, du Moi sûr de lui, solide, du sujet inébranlable. Il dira « Moi n’est pas maître en sa propre maison ». En ce sens, il sème le doute, il jette le soupçon, à la fois sur une Doxa qui veut croire et la solidité du sujet et de la philosophie qui traditionnellement fait de la raison et de la conscience deux qualités qui hissent l’homme au-dessus de la nature. La conscience est puissamment fragilisée par la révélation de l’inconscient, et que reste-t-il de la raison dans nos rêves, nos déprimes, notre folie ordinaire ?

 

   Freud n’est pas à strictement parler un philosophe. Il est avant tout médecin, mais il est indéniable qu’il participe à cette entreprise de déconstruction propre au XIX° siècle, puis par la suite au XX° siècle « les théories de l’absurde, le structuralisme qui marquera la disparition de l’homme … »

 



15/06/2021
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