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Leçon 37 : Epilogue du cours : de la psychanalyse à la philosophie (Cliquez sur le lien !)

De la psychanalyse à la philosophie

L’émergence de la conscience morale

L’élaboration de la culture

 

Sexualité infantile, névrose et conscience morale :

 

   Le complexe d’Œdipe et la façon dont il est refoulé déterminent l’évolution sentimentale et morale de l’homme normal aussi bien que les sentiments de culpabilité et de remords d’une partie des névrosés. « Le complexe d’Œdipe peut être considéré comme le noyau des névroses ». L’individu cherchera, plus ou moins, dans ses choix amoureux de l’âge mûr à retrouver le rapport amoureux infantile avec le père ou la mère.

   À partir de la phase de latence (à 8 ans, environ, l’enfant « oublie » cette longue aventure sexuelle par laquelle il est passé, aventure jalonnée de stades et complexes qui ont contribué à le préparer à sa future sexualité adulte. Cet oubli n’est pas une amnésie, mais un « refoulement », c’est-à-dire que tout est là, intact, mais « inconscient » et prêt à ressurgir, notamment face à un épisode traumatique ! ), l’homme se trouve confronté à la grande tâche qui consiste à se détacher de ses parents. Le fils doit se détacher de sa mère, reporter ses désirs sur des objets extérieurs et se réconcilier avec le père. Les névrosés sont ceux qui échouent dans cette tâche : le fils qui reste incapable de reporter sa libido sur un partenaire sexuel étranger (autre que la mère, le père), incapable de se libérer de l’autorité du père ; la jeune fille trop longtemps fixée à sa famille. Mais du complexe d’Œdipe va résulter encore un fait d’une extrême importance : la création du moi idéal (que Freud appellera le « Surmoi » après 1920), c’est-à-dire de la conscience morale. Il existe en chacun de nous au-dessus du moi réel un moi idéal qui juge et impose des obligations. Or ce moi idéal, selon Freud, n’est possible qu’à la suite du refoulement du complexe d’Œdipe. Le petit enfant se libérant de ce complexe s’identifie à ses parents, il les intègre à lui-même ou plutôt intègre à lui-même les règles morales que ses parents l’ont d’abord obligé à suivre. L’enfant, primitivement amoral, perçoit d’abord en effet la moralité, les règles de conduite, comme liées aux récompenses et aux punitions qui équivalent pour lui à un don ou à un retrait d’affection. D’abord il a peur des punitions, plus tard sa conscience morale ou le moi idéal aura peur de la faute. Le processus qui permet le passage à la moralité est donc lié à l’identification aux parents, c’est-à-dire l’imitation des parents, l’assimilation du moi au moi des parents. C’est une manière pour l’enfant de posséder idéalement le parent qu’il désire ; il remplace par l’identification, le désir d’une possession physique jugée impossible ou moralement condamnée. En d’autres termes, l’enfant intériorise la loi des parents. D’une façon générale, la vie sexuelle de l’enfant est remplie de déceptions et d’échecs : son attachement au parent aimé est toujours compromis par la jalousie soit envers l’autre parent soit envers un frère ou une sœur ; la peur de la castration ou des punitions pèse sur les actes de masturbation ; en grandissant, il découvre qu’il existe d’autres idoles que ses parents, l’éducateur, l’ami.

 

La sublimation et la métamorphose de la sexualité en productions culturelles :

 

  Enfin, ce sont toutes les productions culturelles qui sont des dérivés de cette sexualité initiale : on nomme ce processus, la sublimation. Freud entend par là le fait que nombre de pulsions de la libido sont « détournées de leurs buts sexuels et orientées vers des buts socialement supérieurs et qui n’ont plus rien de sexuel ». La sublimation remplace la recherche du plaisir que procure l’acte sexuel par une quête plus idéalisée, celle qui mène à des réalisations dans le domaine social, culturel ou artistique (on observe, par exemple, que les gens heureux n’ont pas d’histoire. C’est le malheur, la déception sexuelle qui est à l’origine des plus belles œuvres artistiques et littéraires en particulier : romans, poèmes déchirants …) En d’autres termes, les buts les plus élevés de l’humanité dérivent de buts sexuels sublimés. Comment l’individu renonce-t-il à son égoïsme et à une satisfaction strictement sexuelle ? Freud n’en explique pas le mécanisme. Mais il indique que la société exigeant de chaque individu le sacrifice de ses instincts et de son égoïsme en vue du travail et des nécessités vitales, la plupart des hommes ont réussi à détourner une partie très considérable de leurs forces instinctives sexuelles et à les mettre au service de leur activité professionnelle.

 



16/06/2021
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