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Les sciences humaines : de quoi s'agit-il ?

Définition des sciences humaines

Les sciences ont, de façon générale pour objet de dégager des généralités récurrentes, de définir des concepts. Les lois et les systèmes commencent toujours par la reconnaissance des rapports préexistants pour s'en écarter insidieusement et poser des absolus a priori, ce que Kuhn appelle des « paradigmes ».

Une vision mécaniste, causaliste, de l'environnement, semblait hier encore tout à  fait concevable pour tous les domaines, mais elle ne l'est plus de nos jours. Un consensus s'est donc dégagé pour introduire une science expérimentale qui tout en s'intéressant aux phénomènes qui touchent à  l'humain (psychologieperceptioncognition) ou aux groupes d'hommes (sociologiehistoiregéographie, etc.) n'utiliserait que des paramètres qu'on ne saurait déduire d'un ensemble de phénomènes. Les sciences humaines se sont dégagées pour, prudemment, défricher le le terrain de l'imperceptible, de l'immensurable, en se contentant de faire référence à  la connaissance du moment.

On découvre alors qu'il existe une sorte de réalité « indépendante », c'est-à -dire qui ne peut être appréhendée en l'état actuel de nos outils d'observation sensibles et conceptuels. Cette « métaréalité » n'appartient pas aux domaines étudiés par la science, et, bien qu'influant notre quotidien, elle ne saura jamais se rendre perceptible. On élabora ainsi plusieurs théories cognitives pour déchiffrer et balayer l'espace qui va du perçu à  l'intelligible au connaissable : comment passe-t-on du phénomène à  l'objet, de l'observation à  la déduction de lois générales ? Si la connaissance interroge les phénomènes, elle interroge peut-être surtout, à  travers eux, notre vision du monde, c'est-à -dire les relations entre un « sujet » et un « objet ». Les sciences humaines mesurent donc la dimension de l'esprit humain et prennent le pas sur des réflexions auparavant dévolues à  la philosophie.

Problème de délimitation des sciences humaines

Il est difficile de dégager des caractéristiques communes à  toutes les sciences humaines et à  elles seules ; par conséquent, on peut légitimement se demander si l'étiquette de science humaine désigne bien quelque chose de positif, ou s'il s'agit simplement d'une étiquette commode pour faciliter la classification des sciences.

Par exemple, l'économie permet de décrire des phénomènes humains, mais pas exclusivement, car elle peut également décrire des phénomènes animaux. Ou encore, la psychologie animale et l'ethologie se trouvent à  la limite des sciences humaines, alors qu'elles portent sur des animaux et non sur des hommes, ce qui invite à  relativiser l'opposition homme/animal, et par conséquent la dénomination de sciences spécifiquement « humaines ».

On peut considérer que l'étiquette de « sciences humaines » est une classe négative, qui sert à  désigner l'ensemble des sciences qui ne sont pas des sciences naturelles (physiquechimiebiologiemétéorologie, etc.). Mais là  encore, certaines disciplines tendent à  faire éclater cette opposition, en particulier avec la sociobiologie.

On peut ainsi déclarer que les sciences humaines rassemblent :

  1. de façon positive, les sciences traitant exclusivement de l'homme (histoire, psychanalyse, ethnologie...) ;
  2. de façon négative (en partie pour des raisons institutionnelles, pour faciliter le classement des disciplines à  l'université et dans les bibliothèques), les sciences qui ne sont pas exclusivement naturelles.

Liste de sciences humaines

On rassemble souvent sous le nom de sciences humaines les disciplines suivantes (liste à  compléter) :

Pratique des sciences humaines

Cognition et perception

Aux efforts des psychophysiciens pour traduire l'accumulation quantitative par une modification qualitative de notre connaissance, se sont opposées des philosophies critiques à  l'égard du déterminisme de la conscience. Par la suite, les théories psychanalytiques ont révélé l'inconscient, et permis la découverte de faits observables, susceptibles de contredire certaines conceptions réductrices (notamment les théories psychophysiologistes qui attribuaient à  notre cerveau des fonctions localisées reliant certaines données conscientes à  des régions précises de l'aire corticale).

De la physique à  la psychologie, de la science à  l'art, de la prospective à  l'histoire, tous les domaines où le projet humain doit se concrétiser sont ainsi marqués du sceau de l'aléa, du flou de la connaissance des choses humaines, du chaos de la pensée, bref d'une valeur inopérante pour la déduction et qui pourtant joue un rôle des plus importants comme dimension cognitive de l'homme.

Seuls des esprits humains, capables de s'abstraire de la réalité, d'apposer leur représentation du monde sur un phénomène particulier ont pu réussir à  passer du concret à  la théorie, de l'expérience à  la conceptualisation. Ils n'y sont parvenus qu'en situant cette intuition, cette formation d'une hypothèse, hors du champ de la recherche appliquée, hors de la seule déduction causale.

 

Expérimentation

L'émergence de ces sciences humaines et sociales à  partir de la fin du XIXe  siècle et au XXe  siècle mit en avant la difficulté d'appliquer la méthode scientifique à  ces domaines. La société n'est pas expérimentable, et l'humain non plus  : en effet l'expérimentation consiste à  isoler des paramètres et à  les faire varier séparément pour observer ce qui se passe. Isoler des variables n'est pas toujours faisable en sciences humaines. Mais il est parfois possible de le faire, par exemple en psychologie, où l'on peut englober des mécanismes cognitifs dans un système et procéder à  des mesures statistiques (perception, mémoire,...).

 

Observation

Dans les sciences sociales, les phénomènes ne sont pas observables dans leur globalité :

  • Soit le phénomène est trop vaste (Qu'est-ce qu'une famille ?), soit le phénomène est intime, caché (Quelles sont les motivations à  former un couple ?) soit le phénomène est imperceptible, infra-ordinaire (Comment s'organisent les tâches ménagères ?)

Pour pallier cette difficulté les chercheurs essaient d'isoler les variables, de restreindre le domaine d'étude : plutôt que la famille on va restreindre à  la famille bi-parentale en Provence dans les classes populaires dans les années 80. Ces restrictions apportent deux difficultés supplémentaires :

  1. En restreignant trop on risque de se priver de la compréhension du phénomène.
  2. Pour restreindre on utilise des catégories qui peuvent conduire à  des interprétations orientées, on n'est donc plus tout à  fait dans l'observation mais déjà  dans l'analyse.


10/11/2023
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