Notice sur Florence
Florence : notice historique
Florence fut fondée et habitée par des italiques, mais à une époque mal définie, les Etrusques se mêlèrent à la population primitive. Au temps de la colonisation de la campagne fiésolienne (la ville de Fiésole est très proche de l’actuelle Florence), elle devint, grâce à Sylla, « Municipe romain » (les habitants de cette localité deviennent alors pleinement citoyens romains), sous le nom de « Florentia ».
Cette cité ne prit guère d’importance ni durant l’empire, ni au cours des dominations barbares. Sa lente ascension ne commença, en effet qu’aux X° et XI° siècles. Aux environs de l’an mille, en effet, se crée à Florence une commune libre, en position d’équilibre entre l’autorité du pape et celle de l’empereur. Exemplaire, la ville développe des qualités d’individualisme qui lui vaudront de devenir la patrie de l’art italien et lui assureront la richesse et la puissance politique, issues du commerce et de la banque.
Aux XIII° et XIV° siècles, Florence est la première ville d’Europe, celle de Dante, Pétrarque, Boccace, Cimabue, Giotto, mais aussi celle des premières expériences de démocratie. La Commune démocratique une fois établie, les grandes familles se partagent le pouvoir ; dès la première moitié du XV° siècle, les riches banquiers Médicis règnent sur la ville et l’embellissent. Le « florin », monnaie créée au XIII° siècle portera loin et longtemps le nom de la ville.
Jusqu’au XVIII siècle, Florence vit de son prestige ; le XIX° sera une période difficile. Victime des guerres napoléoniennes, puis d’une croissance économique vive mais anarchique, elle s’étend autour du centre historique, et à son détriment. Il faudra attendre les premières décennies du XX° siècle pour que l’on apporte plus d’attention à la cité. Seul de tous les ponts construits sur l’Arno, le Ponte Vecchio a résisté non seulement aux crues du fleuve au cours des siècles, mais aussi aux destructions de l’armée allemande en retraite en 1944. La plus récente catastrophe qui ait frappé la ville est la crue de novembre 1966, qui ruina plusieurs œuvres d’art uniques, bien que les travaux de restauration auxquels prirent part de très nombreux pays aient permis de sauvegarder l’essentiel.
Florence, patrie des Beaux-arts …
A elle seule l’architecture religieuse est somptueuse. Parmi les édifices les plus remarquables, les plus anciens sont : le baptistère San Giovanni (XI° siècle) et ses portes sculptées par Ghiberti (1453), le Duomo polychrome et San Miniato al Monte (1062).
La cathédrale Santa Maria del Fiore (1294-1436), l’église centrale de Florence, ouverte sur la Piazza del Duomo, est de style gothique toscan ; Giotto en dessina le campanile (1337) et Brunelleschi le dôme (1420). L’hôpital des Innocents (Brunelleschi, décor d’émail polychrome par Della Robbia) est le premier édifice civil de la Renaissance. Lui succèdent Sainte-Marie-des-Anges, commencée en 1434 ; l’Annunziata (Michelozzo, 1444-1477) ; le couvent de San Marco (Michelozzo, 1437), dont chaque cellule fut décorée par Fra Angelico, y compris celle de Savonarole. L’église du Saint-Esprit (Brunelleschi), puis Santa Maria del Carmine, peinte à fresque par Masaccio, appartiennent encore à la Renaissance. Santa Maria Novella, où se trouvent à la fois les marques du théoricien de l’architecture que fut Alberti et celles des peintres ou sculpteurs, Masaccio, Uccello et Orcagna, est le plus beau vestige de l’influence des dominicains dans la ville, alors que leurs rivaux franciscains, en faisant construire Santa Croce, s’assuraient du talent de Giotto.
Florence possède quarante musées différents, consacrés surtout à la peinture et à la sculpture ; une Bibliothèque nationale qui compte plus de trois millions de manuscrits, incunables (ouvrages imprimés antérieurs à 1500) et livres rares. Cinquante-sept palais privés dans la ville même et un grand nombre de villas princières dans les environs témoignent de la vitalité de l’architecture publique et privée. De petites merveilles parsèment la ville ici-et-là : la chapelle de Benozzo Gozzoli, dans le palais des Médicis ; la bibliothèque Laurentienne, due à Michel-Ange ; l’Ognissanti et les peintures de Ghirlandaio.
Deux musées principaux renferment un nombre impressionnant d’œuvres d’art, voire de chefs-d’œuvre. Le premier, celui des Offices, fut d’abord conçu par les Médicis comme la première galerie d’art du monde. C’est, en effet le long du corridor qu’ils firent construire par Vasari sur le Ponte Vecchio, pour joindre les bureaux du grand-duché (Uffizi) aux résidences du palais Pitti, qu’ils rassemblèrent les tableaux des maîtres qu’ils admiraient. Aujourd’hui, la Galerie des Offices est certainement le musée qui abrite la pinacothèque la plus prestigieuse du monde, en tant, notamment, qu’elle possède la collection la plus complète qui soit, des œuvres florentines. Cinquante salles vont des primitifs au XVIII° siècle : Cimabue, Duccio, Giotto, Simone Martini, Orcagna d’abord, puis, pour la Renaissance, Masaccio, Uccello, Fra Angelico, Piero Della Francesca, Filippo Lippi, Botticelli, Ghirlandaio, Léonard de Vinci, Verrocchio. Au XVI° siècle appartiennent Michel-Ange, Titien. Mais les peintres qui n’ont pas d’attache directe avec Florence abondent également, autant que dans la Galerie palatine du palais Pitti, le deuxième musée de peinture florentin.
Celui-ci plus riche en œuvres des XVI°-XVIII° siècle, présente onze Raphaël, quatorze Titien, cinq Véronèse, huit Tintoret, douze Rubens. Le musée du Bargello, quant à lui, installé dans un palais de 1254 construit pour le premier magistrat urbain appelé « capitaine du Peuple » est consacré à la sculpture. C’est parmi les fleurs de lys rouges (souvenir démocratique) et les lions (symboles du courage et de la liberté des habitants) que sont présentés les chefs-d’œuvre des trois Pisano, de Giotto, Orcagna, Donatello, Ghiberti, Pollaiolo, Verrocchio, Michel-Ange et Benvenuto Cellini.
A travers tant d’artistes aux talents multiples et tant d’œuvres de première qualité, on peut reconnaître un certain esprit qui caractérise la civilisation florentine par-delà les étapes de son devenir historique. La mesure en est le premier trait, dans les arts plastiques comme en littérature et en poésie. Il en dérive équilibre et harmonie, sens aigu des rapports précis et organisés entre le créateur et la réalité extérieure. Tout au long de son développement, l’art florentin raffine la notion d’humanisme classique. Cet humanisme qui prend l’art pour la plus sublime création de l’homme, qui le rend nécessaire, sait bien qu’il ne peut être qu’un moyen d’expression au service de fins politiques et sociales, lesquelles, en dernier ressort, appartiennent aux citoyens.
Ce n’est donc nullement par hasard qu’à Florence se manifestèrent Dante, qui rénova la langue italienne, outil social par excellence ; Léonard de Vinci, qui fut ingénieur et biologiste et transcenda le dessin ; Guichardin qui inventa l’Histoire moderne ; Galilée, qui osa le grand défi scientifique ; et Nicolas Machiavel, qui fonda la science politique.
Les personnages-clés de Florence
Portraits d’hommes d’exception …
L’Histoire :
Laurent le Magnifique (1449-1492)
L’immense prestige dont il jouissait a fait de Lorenzo le plus célèbre des Médicis. S’il ne remporte pas toute l’estime des historiens, c’est du fait de ses erreurs en tant que chef d’Etat et homme d’affaires. Reste que c’est sous le règne de ce mécène, grand ami des arts et des lettres et inspirateur du fameux Lorenzaccio d’Alfred de Musset, que Florence vécut son âge d’or.
Jérôme Savonarole (1452-1498)
En 1494, alors que les Médicis doivent s’exiler à la suite de l’invasion de Charles VIII, et après qu’il eut galvanisé les foules par ses sermons enflammés, frère Jérôme instaure une république théocratique. Quatre ans plus tard, excommunié, désavoué par la seigneurie et par l’opinion publique, il est finalement exécuté sur la piazza della Signoria.
L’Architecture :
Filippo Brunelleschi (1377-1446)
Le génial concepteur du dôme de santa Maria dei Fiori, le « Duomo » est le véritable initiateur de la Renaissance. Les principes de la perspective qu’il découvre et applique, seront adoptés par tous, architectes, peintres et sculpteurs.
La peinture :
Giotto di Bondone (1267-1337)
Avec Giotto, un pas décisif est franchi dans la peinture qui s’affranchit des traditions byzantines, pour se tourner vers le réalisme. Très vite, ce maître incontesté de la fresque acquiert une réputation qui lui vaut de nombreuses commandes, parmi lesquelles la décoration des chapelles de l’église Santa Croce de florence.
Simone Martini (1284-1344)
Le plus connu des peintres siennois œuvre encore dans l’esprit gothique tout en s’ouvrant aux découvertes de l’époque, en particulier, celles de Giotto. Le goût pour l’élégance domine ses œuvres, empreintes parfois de préciosité et dans lesquelles on trouve la trace de ses contacts avec l’art de la miniature, l’orfèvrerie et les ivoires d’Ile-de-France.
Fra Angelico, Guidolino di Pietro, dit il Beato (vers 1400-1455)
Ce moine dominicain inspiré est aussi un peintre novateur qui intègre les nouvelles conceptions de la Renaissance, comme la perspective. Les fresques dont il a orné le couvent San Marco sont remarquables par la pureté de leurs lignes et par leurs couleurs émaillées délicates.
Tommaso di Ser Giovanni, dit Masaccio (1401-1428)
Avec Masaccio, la peinture toscane s’engage sur la voie du réalisme, rompant avec la tradition gothique d’une peinture décorative et figée. Désormais, les personnages sont de chair et de sang, ils expriment des émotions et se meuvent dans un espace à trois dimensions.
Sandro Filipepi, dit Botticelli (1445-1510)
Peintre attitré des Médicis, c’est pour eux que Botticelli exécuta ses compositions mythologiques dont le Printemps est la plus connue. A la fin de sa vie, tourmenté par le message de Savonarole, il s’éloigne de son univers poétique pour peindre des tableaux religieux aux accents moralisateurs.
Leonardo da Vinci (1452-1519)
L’auteur de la célébrissime Joconde est né à Vinci, un village de Toscane, puis est venu, jeune, s’installer à florence. Peintre de génie, architecte et ingénieur, il incarne en cela l’idéal de l’homme de la Renaissance au savoir universel.
La sculpture :
Donato di Betto Bardi, dit Donatello (1386-1466)
Considéré par beaucoup comme le plus grand sculpteur du XV° siècle, Donatello a, en tout cas, créé un style nouveau reflétant les recherches de l’époque sur la perspective, les proportions et l’anatomie. Côme l’Ancien, qui lui vouait une grande amitié, fut son principal mécène.
Michelangelo Buonarroti, dit Michel-Ange (1475-1564)
Florence et Rome, l’architecture, la sculpture et la peinture : Michel-Ange a excellé partout. Son « David » de marbre est l’une des œuvres les plus abouties de la Renaissance et l’un des emblèmes de Florence.
Les Lettres, la pensée :
Dante Alighieri (1265-1321)
Poète, il joua aussi un rôle politique actif à Florence où il fut élu prieur en 1300, avant d’être banni de la ville. C’est en exil qu’il rédigea son œuvre. On doit à Dante, la Divine Comédie, une des œuvres majeures de la littérature de tous les temps, ainsi qu’un travail et une réflexion sur la langue toscane qu’il pressentait devoir devenir la langue de la nation italienne.
Francesco Petrarca, dit Pétrarque (1304-1374)
Celui qui fut l’un des pionniers de l’humanisme vouait une profonde admiration à l’Antiquité. Il contribua à faire publier des auteurs classiques et rédigea une partie de ses écrits en latin. C’est néanmoins pour son recueil de poèmes en langue vulgaire, le Canzoniere, qu’il a été le plus estimé.
Giovanni Boccaccio, dit Boccace 1313-1375)
Boccace figure parmi les grands noms de la littérature italienne avec son Décameron. Les cent nouvelles qui le composent ont pour sujet la retraite forcée de dix habitants de Florence, réfugiés dans une villa pendant la peste de 1348. L’auteur restitue à travers leurs récits, la société florentine de l’époque de la montée en puissance des banquiers et des marchands.
Niccolo Machiavelli, dit Machiavel (1469-1527)
La vie de Machiavel se déroule dans l’une des périodes les plus troublées de l’histoire de Florence et l’homme connaît la disgrâce et l’isolement. De ses réflexions sur la vie politique est né Le Prince, devenu un texte de référence. Le cynisme présent dans son œuvre, auquel on l’a parfois réduit, est à l’origine de l’adjectif « machiavélique ».
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