Objectif, subjectif ?
PHILOSOPHIE : approche des REPÈRES
OBJECTIF/ SUBJECTIF
La signification du repère :
On oppose couramment un jugement « subjectif », autrement dit partial, relatif au point de vue du sujet qui l’énonce, dépendant des préférences personnelles, à des critères d’appréciation « objectifs », indépendants, fondés sur les qualités intrinsèques de l’objet. Les goûts et les couleurs, comme l’appréciation d’un tableau, relèveraient ainsi de la sphère du subjectif ; la notation d’une copie, elle, devrait reposer sur des critères objectifs. Ce qui est objectif, impliquerait, par voie de conséquence l’idée d’accord des esprits entre eux relativement à un même objet considéré en soi et susceptible de description, quand le domaine subjectif est facteur de discussion, de dissensions ou de pluralité de points de vues.
« Subjectif » appartient à la famille sémantique de « sujet », dérivé du latin « sub-jectum » (jeté sous). En logique ou en linguistique, subjectif désigne ainsi ce qui est lié au sujet d’attribution, i.e. au terme dont on affirme ou nie quelque chose. Le sens technique du terme définit ce qui dépend du sujet, de la conscience, ou du psychisme par opposition à des faits ou à une réalité objective qui existe en dehors d’eux. En médecine, un « symptôme subjectif » est un symptôme perçu du seul patient. En philosophie, on parlera de « monde intersubjectif » pour étudier le rapport des consciences entre elles.
Est « objectif » l’objet qui est jeté en face « ob-jectum » : ce qui fait face au sujet, ce qui existe hors de l’esprit. « Objectif » désigne ainsi la réalité d’un phénomène indépendamment des propriétés particulières que la connaissance pourrait y inscrire.
Comment s’en servir ?
Le couple subjectif/ objectif est utile pour ressaisir conceptuellement des questions qui touchent aux formes de la connaissance, au problème de l’établissement de la vérité, à la détermination des critères du jugement et des règles pratiques en matière de morale. Dans le champ des sciences, c’est la question des conditions de l’objectivité du savoir scientifique qui se pose. Une science n’est pas seulement objective parce que le scientifique s’abstient d’introduire ses préférences personnelles dans ses calculs, mais aussi parce qu’elle constitue un objet de savoir par des énoncés construits sur des principes reconnus universellement.
En déplaçant l’opposition subjectif/ objectif dans le champ de la philosophie morale, on retrouvera ces distinctions appliquées à la question des critères de l’action et des valeurs. La question est alors de savoir s’il est possible de fonder rationnellement l’objectivité des lois morales.
Dans le domaine de l’art, la question se pose de savoir si le Beau peut faire l’objet d’un jugement objectif, s’il est dans sa nature même, indépendant de l’inclination du sujet.
« Des principes pratiques (moraux …) (…) sont subjectifs ou forment des maximes quand la condition est considérée par le sujet comme valable uniquement pour sa volonté ; mais ils sont objectifs et fournissent des lois pratiques, quand la condition est reconnue comme objective, i.e. valable par la volonté de tout être raisonnable. »
KANT, Critique de la raison pratique.
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