Philoforever

Stades et complexes

La sexualité infantile polymorphe

à travers la théorie freudienne.

Les invariants (à l’exception de quelques nuances selon les contextes socio-culturels fondés sur des règles sociales et morales non-occidentales : ex. l’Œdipe africain …) :

Stades : oral primitif (0-6 mois), oral tardif (6 mois-1 an), sadique-anal (1 an- 3 ans).

Complexes : de castration (3 ans-5 ans) et d’Œdipe (5 ans -7 ans).

Période de latence ou amnésie infantile : décroissance des tensions pulsionnelles et oubli de cette sexualité « chaotique » marquant les huit premières années de l’enfance. L’oubli n’est que le refoulement inconscient de ces tendances infantiles, et leur présence « latente » ne manque pas de se manifester de façon « normale » (ex. résurgence du stade oral primitif à travers la mastication du chewing-gum ou de l’addiction à la cigarette - lol !) ou de manière « pathologique » (ex. une fixation œdipienne interdisant la disponibilité à un partenaire sexuel autre que la mère ou le père).

 

   Les stades correspondent à une « réalité » physiologique, tandis que les complexes  correspondent à une « représentation fantasmée » de soi-même. A partir de 3 ans, l’enfant procède à une « intellectualisation » de son rapport à autrui.

   Les stades supposent une réaction « en chaîne » : un évènement physiologique, conditionne l’orientation de la libido et structure la « vision du monde » de l’enfant. Ainsi, durant le stade oral primitif, toute l’énergie psycho-physiologique de l’enfant est concentrée dans sa bouche. Foyer de la nutrition, celle-ci devient aussi le siège du plaisir (sucer pour le seul plaisir de sucer : tétine …) et surtout, permet à l’enfant de renouer le lien ombilical rompu avec l’accouchement : la mère a expulsé l’enfant, l’enfant « réabsorbe » symboliquement « la » mère à travers l’objet transitionnel que constitue le lait.

   Le stade oral tardif va offrir davantage de « mordant » à l’enfant, expérimentant le refus : lorsqu’il mord le sein de  sa mère, celle-ci se retire. Est alors rompue l’harmonie primordiale : mère/enfant.

   Le stade sadique-anal va conduire l’enfant à découvrir sa « totalité » corporelle, son corps en son entier : apprentissage de la marche et apprentissage de la propreté lui révèlent un corps étendu et susceptible de stimulations localisées : zones érogènes.

   Mais l’enfant, jusqu’alors, se conçoit comme asexué. La libido ne s’est exprimée que de manière auto-érotique. Il n’a pas encore acquis le principe de la différenciation sexuelle. C’est précisément l’objet des « phantasmes » qu’il va développer à travers le vécu des deux complexes majeurs : le complexe de castration et le complexe d’Œdipe…

   Explication !

   Reprenons !

   Le stade sadique-anal radicalise le pouvoir que l’enfant s’est découvert avec la poussée dentaire, et l’invite à mordre de plus en plus sur le monde, creusant ainsi sa différence, tout à la fois par rapport à sa mère avec laquelle il faisait corps initialement et par rapport au monde environnant.

   Tout en même temps, il se découvre comme corps dans son entier, et non plus seulement comme bouche ; il découvre que ce corps peut se fermer sur lui-même ou s’ouvrir sur le monde, alternance de la fermeture ou de l’ouverture qui trouve son siège dans la maitrise des sphincters.

   Si le garçon et la fille ont traversé les stades oral et anal de manière similaire, le complexe de castration va introduire l’enfant à la question fondamentale de la différence des sexes.

   Chez le petit garçon, la découverte du pénis comme source de satisfaction érotique et comme symbole de valorisation l’amène à surinvestir ce pénis et à considérer que, comme lui, tout le monde en a un. La découverte de l’absence de pénis chez la petite fille n’est ni acceptée, ni reconnue comme une évidence. Il se forge alors une fiction du type : « Çà lui poussera bien un jour ! ». Le pénis de la petite fille est encore petit, mais il finira bien par grandir.

   Lorsque le petit garçon se rend à l’évidence que les différentes filles qu’il a pu observer sont affectivement dépourvues de pénis et que chez aucune le pénis n’a encore poussé, alors il se range derrière une dernière fiction : « Seule ma mère est pourvue d’un pénis comme moi ! »

   L’idéalisation d’une mère toute-puissante permettra encore au garçon de nier la différence des sexes, jusqu’au moment où, se rendant définitivement à l’évidence de l’absence de pénis chez la femme, surgit alors l’angoisse de castration.

   Elle nait de la « théorie »  qu’il construit, de l’idée qu’il se fait de l’énigme que lui pose la différence des sexes : « Si la fille n’a pas de pénis, c’est qu’elle n’en a plus, c’est qu’on le lui a ôté, retranché, parce qu’elle s’est rendue coupable – un peu comme moi, d’ailleurs -  de désirs interdits à l’égard de ma mère ». « Je ne dois donc plus désirer ma mère, sinon je risque de subir le même sort ! », pense le petit garçon.

   Corrélativement à ses désirs incestueux pour la mère, auxquels il se voit contraint de renoncer, c’est aussi sa haine pour le père, considéré comme principal rival, qui est également frappée de refoulement.

   Si devant l’absence de pénis de la fille, le garçon pense : « Je vais être castré, mutilé comme elle ! », devant la vue du pénis du garçon, la fillette va penser : « J’ai été castrée, mutilée ! » . L’angoisse de castration du garçon correspond chez la fille, à la fois à un profond et incompréhensible sentiment de culpabilité et à une envie intense d’avoir un pénis, afin d’être délivré du poids de la faute.

   La petite fille va essayer un court moment de croire en une mère non castrée, mais très vite, elle va se rendre à l’évidence que, comme elle, sa mère est aussi castrée. Elle va alors la mépriser, l’accuser de lui avoir transmis la faute qui lui a valu cette mutilation, et… se retourner vers le père comme nouvel objet d’amour.

   Le complexe de castration contribue donc à mettre en place les conditions du complexe d’Œdipe, dont le refoulement contribuera tout à la fois à ouvrir le sujet à une sexualité normalisée, ainsi qu’à une perspective de la conscience morale, laquelle n’est d’abord pas autre chose que l’intégration idéale des parents, refoulés dans leur présence corporelle. L’interdit du corps des parents cède alors le pas à une autre forme de possession, celui des valeurs parentales et d’une manière générale de leur Surmoi, la structuration du psychisme triomphant du seul frémissement de la libido.

   L’amnésie infantile, enfin, jettera le voile sur ces débuts chaotiques de notre sexualité et nous rendra disponibles à l’avènement du stade génital, préfiguration de la sexualité adulte.

  

  



12/12/2009
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