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Texte de Kant : "Devoir ! Nom sublime et grand ..."

 « D’où provient le sens du devoir ? »

Extrait de la Critique de la Raison Pratique, Première partie, I, III

 

 

    « Devoir ! nom sublime et grand, toi qui ne renfermes rien en toi d'agréable, rien qui implique insinuation, mais qui réclames la soumission, qui cependant ne menaces de rien de ce qui éveille dans l'âme une aversion naturelle et l'épouvante pour mettre en mouvement la volonté, mais poses simplement une loi qui trouve d'elle-même accès dans l'âme et qui cependant gagne elle-même malgré nous la vénération (sinon toujours l'obéissance), devant laquelle se taisent tous les penchants, quoiqu'ils agissent contre elle en secret ; quelle origine est digne de toi, et où trouve-t-on la racine de ta noble tige, qui repousse fièrement toute parenté avec les penchants, racine dont il faut faire dériver, comme de son origine, la condition indispensable de la seule valeur que les hommes peuvent se donner eux-mêmes ?

      Ce ne peut être rien de moins que ce qui élève l'homme au-dessus de lui-même (comme partie du monde sensible), ce qui le lie à un ordre de choses que l'entendement seul peut concevoir et qui en même temps commande à tout le monde sensible et avec lui à l'existence, qui peut être déterminée empiriquement, de l'homme dans le temps à l'ensemble de toutes les fins (qui est uniquement conforme à ces lois pratiques et inconditionnées comme la loi morale). Ce n'est pas autre chose que la personnalité, c'est-à-dire la liberté et l'indépendance à l'égard du mécanisme de la nature entière, considérée cependant en même temps comme un pouvoir d'un être qui est soumis à des lois spéciales, c'est-à-dire aux lois pures pratiques données par sa propre raison, de sorte que la personne comme appartenant au monde sensible, est soumise à sa propre personnalité, en tant qu'elle appartient en même temps au monde intelligible. Il n'y a donc pas à s'étonner que l'homme, appartenant à deux mondes, ne doive considérer son propre être, relativement à sa seconde et à sa plus haute détermination, qu'avec vénération et les lois auxquelles il est en ce cas soumis, qu'avec le plus grand respect. »

 

Les notions mises en jeu : le devoir, la morale, la liberté et le désir.

   Les cas de conscience, les dilemmes moraux sont fréquemment rencontrés par l’homme. Il ne semble pas que ce soit le cas des autres animaux. Pourquoi est-ce une particularité humaine, celle-ci fait-elle la grandeur de l’homme ?

   Afin d’approfondir cette question, ce texte de Kant propose une analyse de ce qu’est le devoir, sous forme d’une apologie (un éloge, une justification) de la morale. Il y montre le caractère sublime, presque divin, du devoir moral, en l’opposant aux penchants et aux tentations. Il en vient alors à s’interroger sur l’origine de cette capacité. Or, selon l’auteur, seule la liberté et, plus précisément, une certaine conception philosophique de la liberté permet d’expliquer l’existence d’un sens moral chez l’homme. En quoi celui-ci est-il lié à la « raison » ? Pourquoi peut-il définir la « personne » humaine ? Est-il possible de dire à quels commandements concrets le devoir moral renvoie alors, ou n’avons-nous affaire qu’à une morale formelle et abstraite ? Ce sont là quelques-unes des importantes questions que ce texte soulève.

 

  I/  D’entrée de jeu, Kant parle du devoir avec emphase et déférence. Il ex-clame le mot « Devoir ! » à l’instar des grands textes religieux qui louent dieu. Le devoir, i.e. ce qui s’impose à nous comme étant la meilleure direction, la bonne voie à suivre, renvoie à ce qu’il y a de « grand », de sublime en l’homme. Ce serait donc le devoir, le sens qui nous permet de distinguer le Bien du Mal et qui nous pousse à faire le Bien, qui ferait la grandeur de l’être humain. Ce point s’éclairera dans la suite du texte, mais l’on peut d’ores-et-déjà remarquer que Kant donne raison à tous ceux qui, au cours de l’histoire, ont fait l’éloge de la morale. Mais il ne s’agit pas ici pour Kant de faire une apologie naïve du devoir. C’est pourquoi il remarque aussitôt l’aspect austère de l’obligation morale : elle ne comporte « rien d’agréable ni de flatteur ». Elle est liée à des notions peu réjouissantes : obligation, impératif, culpabilité, responsabilité, etc. Le devoir est tout d’abord ce qui vient limiter ma liberté, ce qui limite certains de mes actes et la réalisation de certains de mes désirs. On le voit, Kant met en parallèle deux aspects d’une même idée : d’un côté, le devoir peut être considéré comme quelque chose de grand et de sublime, mais d’un autre côté, être vécu comme une source de douleur et de frustration. Comment s’articulent plus précisément ces deux pans ? C’est ce que va montrer l’argumentation de ce texte qui commence par souligner le fait que le devoir « commande la soumission » du sujet. Il ne se contente pas de conseiller : il ordonne d’agir de telle ou telle manière. Les grands textes religieux le montrent, puisqu’ils présentent les règles morales comme des ordres, proférés par Dieu : « Tu ne tueras point », « Tu ne voleras pas », « Tu ne mentiras pas », etc. (cf. le Décalogue). Ce que l’on peut nommer la conscience morale peut d’ailleurs être tellement développé et devenir assourdissant, torturant pour le sujet. Mais comment procède alors la voix du devoir en nous ? Menace-t-elle ou donne-t-elle l’espoir d’une quelconque récompense ? Contrairement à ce qui se passe, par ex. dans le cas du dressage, le devoir n’emploie pas, nous dit l’auteur, de « menaces propres à exciter naturellement l’aversion et la terreur » : il ne fait pas craindre de punition concrète.  La seule conséquence néfaste, lorsque nous n’obéissons pas à ce que nous dicte notre conscience morale, est le sentiment de culpabilité. Ce n’est donc pas une menace ou une punition matérielle, mais une punition psychologique et, plus précisément, une sanction morale, qui n’engage le sujet que par rapport à lui-même.

   Notre sens du devoir ne fait donc qu’indiquer, « proposer » d’agir de telle ou telle manière, sans ajouter : « sinon… ! ». Il n’y a d’ailleurs pas de raison de penser que cette caractéristique ne soit pas universellement partagée par les hommes : pour Kant, elle appartient à la nature humaine, et c’est « d’elle-même » qu’elle se présente. Il n’est donc pas possible de distinguer, au sein de l’humanité, des êtres qui seraient doués d’un sens moral (que ce soit naturellement ou grâce à leur éducation et à leur culture) et des êtres qui en seraient dénués, tels des diables à apparence humaine. Tout homme, parce qu’il est doué de conscience et de raison, a en lui une « loi » morale, entend des commandements qui s’imposent à lui comme à toute autre personne … mais qu’il ne respecte bien sûr pas toujours. Autrement dit, le devoir nous impose le « respect » ; il nous y « force ». Il ne représente donc pas une simple proposition facultative ou un conseil, mais un véritable « commandement » (cf. l’expression des Dix Commandements in Ancien Testament). Il demande qu’on le suive, qu’on lui « obéisse », bien que, comme nous le disions précédemment, aucune sanction concrète ne soit encourue dans le cas contraire.

   Le « commandement moral », que Kant décrira dans d’autres textes comme un « impératif catégorique », s’oppose ainsi à nombre de nos désirs, voire à nos penchants les plus égoïstes et les plus violents. En effet, force est de constater que nos désirs ne sont pas toujours compatibles avec la morale. Cette opposition se traduit par une situation proprement humaine : celle des dilemmes moraux, où l’on voit le Bien, mais en restant séduit par les voies qui s’en éloignent. On tente alors parfois de se convaincre soi-même que ce que l’on fait n’est pas immoral, ou pas si immoral que cela - supposant ainsi que la morale comporte des degrés, ce qui ne va pas sans poser de délicats problèmes philosophiques. Nos penchants conspirent alors, « travaillent sourdement » contre la morale. Les animaux n’ont pas à affronter une telle situation, car ils sont guidés par le seul instinct et tentent naturellement de satisfaire leurs besoins. L’homme a lui aussi des inclinations (non seulement des besoins, mais aussi des désirs), mais est également doué de la « loi morale ». Et c’est lorsqu’ils résistent à ces penchants que l’on voit « la valeur que les hommes peuvent se donner à eux-mêmes ». Telle est la description que l’on peut faire du devoir et des raisons pour lesquelles l’homme, contrairement aux anges par exemple (si tant est que ceux-ci existent) n’a pas nécessairement un comportement moral : le devoir est une loi qui oblige moralement sans contraindre physiquement.

   II/ Reste une importante question à laquelle le § 2 va avoir pour but d’apporter une réponse : d’où provient un tel sens du devoir ? Indirectement, le début du premier § de cet extrait répond déjà à cette question, puisqu’il nous explique d’où le devoir ne vient pas : il n’est pas une caractéristique psychologique que certains individus posséderaient plus que d’autres ou contrairement à d’autres. De plus, pour Kant, le devoir, même s’il est lié à l’éducation, n’en provient pas totalement, car les différents systèmes éducatifs et les valeurs familiales changent selon les cultures et les individus, tandis que ce que Kant nomme « le devoir » est identique pour tous et de tout temps. Pour notre auteur, le devoir est universel, comme l’indique le terme même de « loi », qui souligne quelque-chose de distinct d’une simple constante ou d’une moyenne (réalisée empiriquement). Mais où trouver plus précisément la source, l’origine du devoir, ce que Schopenhauer nommera le fondement de la morale ? Qu’elle est, métaphoriquement, la « racine » de sa « tige ». Celle-ci nous élève à la morale, à la fierté et à la dignité qui y appartiennent, mais d’où vient cette étonnante capacité à résister aux penchants, au lieu de faire alliance avec eux ?

   Ce qui caractérise l’homme est sa capacité de distinguer le bien du Mal. Or, selon Kant, cette capacité trouve son fondement dans la « personnalité », c’est-à-dire la « liberté ». En effet, la liberté est ce qui définit « notre propre personne », qui comporte avant tout une dimension morale : sans elle, tout n’est qu’automatismes, réflexes, impulsions instinctives, système d’actions et de réactions spontanées. Or, nous ne sommes pas, ou pas totalement, régis par de tels automatismes, qui sont les « mécanismes de la nature ». C’est parce que nous sommes libres de choisir tel ou tel acte dans une situation donnée, en fonction de ce que nous croyons être bien, que nous devons parfois faire face à certains dilemmes. L’homme, parce qu’il est libre, appartient donc simultanément à deux mondes, alors que les autres animaux n’appartiennent qu’à un seul : le « monde sensible », c’est-à-dire celui que nous pouvons percevoir grâce à nos cinq sens. La personne humaine, et de là vient précisément sa dignité, appartient à ce monde sensible, mais aussi à un « monde intelligible » : celui de l’esprit et de la morale. La véritable liberté ne consiste donc pas à faire tout ce que l’on veut, comme l’affirme une définition assez naïve de la liberté. Elle ne consiste pas à suivre ses penchants et à devenir éventuellement l’esclave de ses propres désirs. Au contraire, et bien que cela puisse sembler paradoxal, être libre consiste avant tout à obéir, non pas à une autorité qui serait extérieure à nous, mais à la voix du devoir qui, en nous, ordonne d’agir de telle ou telle façon. En effet, « l’obéissance » à la loi morale est le meilleur moyen pour nous de nous réaliser en tant qu’êtres humains, en tant qu’animaux rationnels et raisonnables, puisqu’il nous indique précisément ce qu’il est le plus raisonnable de faire. Ce n’est donc qu’en lui obéissant que nous pouvons espérer nous sentir réellement libres et fiers de nous-mêmes.

   Parce qu’il a conscience d’exister, l’être humain est capable de ne pas être l’esclave de ses impulsions ; il peut s’en libérer et choisir librement quel sens il veut donner à son existence : il donne un sens à sa conduite, la juge moralement, l’évalue en fonction de sa conception du Bien et du Mal. Or, c’est son esprit (d’où le terme « intelligible » employé ici par Kant) qui le lui permet - et plus précisément sa « raison ». En effet, tout comme la « raison pure » nous indique ce qui est rationnel, notre « raison pratique » nous indique ce qui est raisonnable. Ainsi, dans le domaine de l’action, le domaine « pratique », nous possédons certaines lois qui organisent notre existence. Ce sont ces « lois pures pratiques » qui sont proposées à l’homme, afin d’adopter une conduite morale. C’est donc le fait d’obéir librement à ces impératifs qui fait de nous des êtres dignes … de la loi morale que nous portons en nous. Il est bien sûr possible de se réfugier derrière certains prétextes et de faire preuve de mauvaise foi, mais il n’en reste pas moins que l’homme est conscient de porter en lui une telle loi. Aussi est-ce librement qu’il succombe au chant des sirènes de l’égoïsme et qu’il choisit de satisfaire certains penchants plutôt que de suivre la voie de la morale. L’homme peut et doit donc reconnaître que la voix du devoir est ce qu’il y a de plus divin en lui et qu’elle est à ce titre, pour ainsi dire, digne de « vénération ».

   Une telle conception semble être des plus classiques : mis à part la technicité du vocabulaire employé pour la décrire, n’est-elle pas celle que nombre de personnes partagent au quotidien. Certes, mais on soulignera néanmoins la particularité de la position kantienne qui met l’homme résolument face à lui-même. En effet, il faut rappeler que, jusqu’au XVIII° siècle,  on considérait que notre capacité à distinguer le Bien du Mal provenait de Dieu. Contrairement à cette conception héritée du Moyen-Âge, Kant considère que la morale vient de la liberté humaine. Aussi la morale ne met-elle pas la personne humaine face au jugement de Dieu (cf. le Jugement Dernier), mais uniquement face à celui d’autrui et, plus profondément encore, face à son propre jugement, face à sa conscience morale. La religion cesse donc d’être considérée comme la base de toute morale. Elle s’est, certes, montrée historiquement utile pour moraliser les hommes, mais conformément à l’esprit des Lumières, Kant pense qu’il est désormais temps de séparer la Terre et le Ciel, la morale et la religion.

   Le rôle de cette dernière ne doit plus être de nous rassurer ou de nous effrayer afin de nous rendre dociles, de moraliser nos mœurs, mais seulement de nous élever au mystère de l’existence du monde. Elle possède une dimension métaphysique qui n’est pas négligeable et qu’il n’est pas question, pour Kant, de tourner en dérision. Néanmoins, à ses yeux, un comportement n’est pas véritablement moral s’il repose encore sur la peur d’une sanction, qu’elle soit humaine (cf. l’emprisonnement, la peine de mort, etc.) ou divine (cf. l’enfer). Au contraire, le plus haut point de la morale n’est atteint que lorsque celle-ci se suffit à elle-même et que les hommes décident librement d’agir en conformité avec ce que Kant nomme parfois la « voix d’airain » du devoir. Les hommes étant imparfaits et le plus souvent égoïstes et soumis à leurs passions, ce n’est donc qu’après la mort, dans l’au-delà que l’on peut espérer voir chacun justement récompensé par Dieu de sa conduite morale. Mais ce n’est là qu’un objet d’espoir,  de croyance personnelle, de foi. Aux yeux de Kant, quand bien même Dieu n’existerait pas, nous devrions agir moralement, tout simplement parce que nous portons en nous la loi morale. Voilà sans doute pourquoi les athées et agnostiques n’ont pas, de fait, un comportement moins fréquemment conforme à la morale que les croyants.

 

III/ Discussion du texte. Dans cet extrait, Kant vient de montrer qu’il est nécessaire de considérer que la liberté se situe au fondement même de la morale, qu’elle en est la principale condition de possibilité. Mais pouvons-nous aller plus loin que ce résultat et déduire, sur la base de la liberté, un ensemble précis, concret, de commandements moraux ? Pouvons-nous donner des règles de vie qui auraient une valeur morale universelle ? C’est précisément à ces questions que la conception morale kantienne doit apporter des réponses. Or, il semble que cela reste problématique et que, dans le domaine de la morale, nous soyons dans une sorte d’impasse qui nous fait dire, sur les traces de Sartre, que « nous ne pouvons pas décider a priori de ce qu’il y a à faire ». La liberté d’autrui doit être respectée, certes, mais ce principe universel n’est, en vérité qu’un principe de « morale abstraite ». Ce que Sartre nomme au contraire la « morale concrète » reste pour sa part totalement indéterminée car, l’homme n’ayant pas véritablement de nature (et donc pas de nature morale), la morale reste indéterminable.

   En effet, quelles normes (naturelles ou culturelles) pourraient bien me permettre de décider de tel ou tel choix moral concret, dès lors que la liberté d’autrui n’est pas directement mise en cause ? Au cours de l’Existentialisme est un humanisme, Sartre explicite sa critique de la morale de Kant à l’aide d’un exemple particulièrement éclairant : dois-je, si une guerre éclate, rester auprès de ma mère impotente ou aller défendre ma patrie ? Dans un premier cas, c’est ma mère que je traiterais « comme une fin » et non « comme un moyen » ; dans l’autre cas, ce sont mes compatriotes. De même, dois-je abandonner mon épouse au nom de cet amour dévorant que j’éprouve désormais pour telle personne, ou dois-je sacrifier cette passion au nom d’un contrat passé avec une femme qui a pourtant fort changé ? Tel est le dilemme moral auquel se trouve par exemple confrontée l’héroïne de La Chartreuse de Parme, où Stendhal souligne bien l’impossibilité de trouver ici une norme morale précise, que ce soit dans la nature ou dans la culture dans laquelle nous vivons. Comment choisir ? Au nom de quelle grande maxime morale ou en référence à quelle conception philosophique puis-je concrètement déterminer quelle est, parmi les différentes décisions possibles, celle qui est moralement la meilleure ? Dans tous les cas, la liberté est le but recherché et les deux voies qui s’ouvrent sont, en deux sens différents, des voies libératrices. C’est là le propre de la condition humaine, de la déréliction humaine : en refusant toute forme de « mauvaise foi », nous devons reconnaître que nous sommes seuls face à nos actes et qu’il nous revient personnellement (i.e. librement) de choisir les normes morales qui vont guider notre existence. Selon l’existentialisme, c’est donc avant tout face à nous-mêmes, et non pas en fonction d’autrui ou de Dieu, que nous devons nous tourner pour savoir si nous sommes dignes, si nous sommes à la hauteur. Puisqu’il n’y a de liberté « qu’en situation » comme le dit Sartre, nous ne pouvons donc faire reposer nos choix moraux que sur un sentiment, une croyance, et non sur un modèle trouvé dans la nature ou dans l’ouvrage d’un quelconque moraliste.

 

 

   Ce texte (conclusion) souligne le caractère divin de la morale, qui seule donne leur véritable valeur aux actions humaines. Ce n’est ni la richesse, ni la force physique, ni la beauté, ni la renommée qui font la grandeur et la dignité d’un homme : c’est sa capacité à résister à la tentation et à choir librement de faire son devoir au lieu de réaliser certains de ses penchants naturels ou sociaux. La personne qui agit de la sorte n’est bien sûr pas assurée d’en être récompensée par ses semblables, mais peut, néanmoins être fière d’elle-même : sa récompense est d’ordre purement spirituel. Reste à savoir comment nous devons nous comporter « en situation » comme le dit Sartre. Or, force est de constater que le formalisme moral de Kant n’apporte pas de réponse concrète à cette question non pas par accident, mais parce qu’il est impossible de déterminer a priori ce que l’on doit choisir à tel moment de notre vie. La moralité de nos choix demeure une affaire de conviction personnelle, et il faut reconnaître qu’un homme peut finalement « tout choisir, si c’est sur le plan de l’engagement libre ». (Sartre, L’existentialisme est un humanisme).



12/04/2018
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